COLLECTION

Noctambule, une passerelle entre bande dessinée et littérature.

Noctambule, une aire de liberté où les auteurs peuvent choisir soit d'adapter, fidèlement ou librement, des œuvres littéraires ancrées dans l’intimité de leur mémoire ; soit proposer des récits personnels empreints de force et d’originalité.

Noctambule, un nom suggestif, ludique et poétique.
La nuit venue, le noctambule voyage...

Il déambule sur les sentiers du rêve, de l’imaginaire, pourquoi pas,
d’un genre à un autre, et à travers le temps...



Interview de Clotilde Vu - www.soleilprod.com - 18 mai 2009
Clotilde Vu, la directrice de collection, nous présente Noctambule à l'occasion de la sortie, le 27 mai prochain, du premier ouvrage de cette nouvelle collection : À bord de l'Étoile Matutine.

Comment l’idée de cette collection est-elle née ?

Cela faisait déjà quelques années que j’œuvrais au sein des Éditions Soleil lorsqu’en 2006-2007, au regard de ce que j’ai baptisé le P.B.F. (Paysage Bédéphilique Français), j’ai constaté que nombre d’éditeurs de bande dessinée avaient, un jour, publié des adaptations de romans, mais toutes noyées dans les flots de lignes éditoriales déjà denses. Aussi, ai-je eu l’envie, l’idée de créer un écrin spécifique à forte identité graphique et littéraire. Une envie que j’ai, à l’époque, soumise à Mourad (Boudjellal) qui m’a donné la chance de pouvoir la concrétiser. Sauf que… depuis… cette idée - sans doute dans l’air du temps - a également germé chez beaucoup d’autres éditeurs… (rires)

Mais il y a quand même des distinctions : Noctambule est une collection de romans graphiques où les auteurs pourront certes adapter des romans, des nouvelles ou des contes ancrés dans leur mémoire, leur vie ; mais aussi proposer des récits intimistes. C’est en quelque sorte une passerelle, au sens large, entre bande dessinée et littérature. Elle se démarque à travers un format - à mi-chemin entre ces deux médias -, des histoires en plusieurs volumes à forte pagination, et un ton. Aucun livre ne se ressemblera, tant chaque auteur a sa « patte » et sa personnalité. De vraies curiosités en perspective !


Qu’est-ce qui a motivé vos choix d’auteurs, de titres ?

Quand une collection est à l’état de fœtus, les auteurs n’en connaissant pas encore l’existence ne proposent pas de projets. C’est à nous d’en susciter l’envie.
J’ai fonctionné par coups de cœur : j’ai contacté plusieurs auteurs dont le travail - l’univers, l’approche, le dessin - me « parlait » d’une façon ou d’une autre ; et nous avons discuté - avec certains, brièvement, avec d’autres, plus longuement… D’échanges en échanges (avant que Noctambule ne devienne une collection de romans graphiques - ouverte aux récits intimistes), j’ai réalisé qu’il était inutile de proposer une liste de livres susceptibles d’être adaptés, puisqu’un auteur ne mettra jamais autant d’implication et d’âme dans son travail que s’il choisit et propose lui-même une œuvre qui l’a touchée. Et Riff Reb’s, notamment, le prouve avec son adaptation incroyablement « habitée » de À bord de l’Étoile Matutine écrit par Pierre Mac Orlan. Un écrivain et un livre qui semblent avoir été taillés pour lui coller à la plume et au pinceau.

Pour découvrir le dossier de présentation de la collection : cliquez ici

Vous en parliez… À la fin du mois, le premier livre de la collection largue les amarres. Il s’agit de l’adaptation de À bord de l’Étoile Matutine de Pierre Mac Orlan par Riff Reb’s. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Tout au long de la réalisation de ce livre, Riff m’a vraiment surprise, époustouflée. Au fur et à mesure que je voyais les N&B se dessiner sous mes yeux, je le voyais bousculer son trait, oser, le récit prenait vie, s’animait, à tel point que nous avons vraiment hésité à le mettre en couleurs. C’est un roman et un écrivain qui lui « parlent » tellement, que je crois qu’il a mis - dans cette adaptation - tout ce qu’il avait en lui, toute sa sensibilité, sa verve narrative et graphique au service de héros ancrés dans le réel, qui vivent de chapitre en chapitre, des aventures humaines sur mer et sur terre. C’est à mes yeux, le livre le plus poignant qu’il n’ait jamais réalisé, et je suis vraiment touchée qu’il m’en ait fait le cadeau. Que vous aimiez ou non les histoires de pirates, ce petit chef d’œuvre, riche de l’intérieur, ne pourra que provoquer quelque chose en vous… Sans artifices, avec tout son talent, Riff joue un vrai pari, et je gage qu’il a tout à gagner et peu à perdre. Ne me laissez pas mentir, précipitez-vous… !


Un petit mot sur les prochaines parutions ?

Comme il s’agit d’une collection de livres à forte pagination, j’ai préféré - pour des questions de coûts notamment - privilégier la qualité à la quantité. Comme je le disais plus haut, je fonctionne au coup de cœur, et s’il n’est pas à mes yeux une évidence, alors je préfère renoncer au projet, car j’aurais peur de ne pas le « défendre » avec toute l’ardeur souhaitée. Tout ça pour dire que la collection n’inondera pas le marché, mais l’agrémentera, telle une cerise sur le gâteau à hauteur de 3 ou 4 livres par an. Le prochain paraîtra à la fin de cette année – pensez aux cadeaux de Noël - il s’agit de l’adaptation du Dernier des Mohicans par Cromwell et Catmalou. Tout simplement spectaculaire ! Tout en aspérités, en force, en vie, vos pupilles vibreront à la vue de sa sublime version picturale. Puis en 2010, Le Joueur de Dostoïevski par Stéphane Miquel et Loïc Godart – là encore, une approche et un graphisme qui collent parfaitement à l’œuvre de ce maître de la littérature russe (et cela n’est pas aisé), puis L’Île aux trente cercueils par Marc Lizano, surtout connu pour son travail dans le livre Jeunesse et qui lui aussi, surprend, en conservant la naïveté, la simplicité de sa ligne graphique, mais en lui conférant une dimension plus habitée encore. Enfin - même si nous n’en sommes qu’aux prémices - difficile de ne pas en parler… Claire Wendling vous proposera aussi le célèbre texte intégral de Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, marié à ses dessins, disons qu’ils feront corps. Musicaux, poétiques, expressifs, plein de subtilité et de sensibilité dans chaque détail, difficile de rester impassible ! De futurs rendez-vous à ne pas manquer... (sourire)



Interview de Clotilde Vu - www.bdgest.com - 22 avril 2010
À l'heure où les adaptations fleurissent dans les bacs, pourquoi avoir pris le parti d'une nouvelle collection basée sur ce thème ? Quel est son concept ?

Comme vous devez vous en douter, au vu des deux premiers livres de la collection – l'ébouriffant À bord de l’Étoile Matutine par Riff Reb’s – et le spectaculaire Dernier des Mohicans par Cromwell et Catmalou (120 pages chacun), il a fallu du temps pour les faire naître. Tout ça pour dire que l’idée de cette collection a germé en moi il y a plusieurs années. À l’époque, en 2006-2007, au regard de ce que j’ai baptisé le P.B.F. (Paysage Bédéphilique Français), j’ai constaté que beaucoup d’éditeurs avaient, un jour, publié des adaptations de romans, mais noyées dans des flots de lignes éditoriales déjà denses. Aussi ai-je eu l’envie de créer un écrin spécifique à forte identité graphique et littéraire. Sauf que... depuis... eh bien, cette idée – sans doute dans l’air du temps – a également germé chez d’autres éditeurs. Mais il y a quand même des distinctions : Noctambule est une collection de romans graphiques. En clair, oui, les auteurs pourront y adapter des romans, des nouvelles, des contes libres ou non de droits – mais ils pourront aussi proposer des récits intimistes. Le premier, à paraître en fin d’année, sera La Marche du Crabe, adaptation longue du caustique court métrage réalisé par Arthur De Pins. Disons que j’aime la comparer à une passerelle, au sens large, entre bande dessinée et littérature. Elle se démarque à travers un format – à mi-chemin entre ces deux médias, des histoires à forte pagination, et un ton. Aucun livre ne se ressemblera, tant chaque auteur a sa “patte”, sa personnalité, son empreinte graphique. Tous à leur manière ont mis leurs tripes à nu – et que notre subjectivité aime ou non – personne, je l’espère – n’y restera indifférent.


Pourquoi avoir choisi "Noctambule" comme nom de la collection ?

En fait, il était déterminant pour moi de pouvoir – à travers le nom choisi – évoquer plusieurs thèmes : la poésie (littérature), le plaisir, l’évasion, le passage d’un genre à un autre, ou encore, la traversée du temps. Je me suis donc amusée – scolairement – à cultiver plusieurs champs lexicaux. Et finalement, l’élu a été “Noctambule”. Peut-être est-ce une vision personnelle, mais c’est un personnage qui pourrait avoir une place de choix au cœur d’un poème ou d’un roman – tel un oiseau (de nuit), on pourrait aussi très bien l’imaginer s’envoler d’un genre à un autre, et à travers le temps. Enfin, comme on n’imagine pas forcément ce type de collection chez Soleil – parce qu’éditeur référencé d’Heroic Fantasy, j’ai trouvé le clin d’œil amusant.


L'album de Crowmell semble vous avoir posé pas mal de problème à l'impression, pourquoi cela ?

En effet ! On peut le dire... Mais plus qu’un problème, ça a été un challenge : parvenir à restituer toute sa palette de rouges, d’ocres et de verts, en ne perdant pas ses matières, ses reliefs, ses coups de couteaux, nécessitait bien un petit déplacement. Au moment du calage, nous avons donc été chez l’imprimeur pour aider au mieux l’équipe de techniciens, une équipe consciencieuse et impliquée. Le résultat obtenu est stupéfiant. Un ravissement.


Après Riff Reb's et Cromwell, quels sont les artistes et les titres à venir ?

D’ici quelques mois, en septembre, vous découvrirez une nouvelle adaptation : celle du Joueur de Dostoievski par deux auteurs qui m’ont vraiment touchée à travers leur sensibilité, et l’intelligence de leurs approches : Stéphane Miquel à l’adaptation, et Loïc Godart au dessin. Aussi flegmatique l’un que l’autre, ils auraient sûrement été beaucoup moins enthousiastes que moi si vous les aviez interviewés (difficile d’être son meilleur juge), mais je peux vous le garantir, oui, ce livre est une vraie réussite, tant dans le respect et la compréhension du fond, que la proposition de la forme. Il mérite sincèrement un coup d’œil !... Ou un autre “coup de projecteur” ? (Grand sourire.) Et en toute fin d’année, je vous en parlais plus haut, Arthur De Pins inaugurera la partie “récit intimiste” de la collection avec La Marche du Crabe. Il s’agit d’une adaptation longue (en trois gros volumes, un par an) de son court-métrageLa Révolution des Crabes, récompensée par une cinquantaine de prix. Caustique, décalée, rythmée, elle vous comblera et vous arrachera rictus, plissements de paupières, et sourires. Un pari !


Dossier complet (avec une Interview de Cromwell) sur le site de BDGest